samedi 14 août 2010

HAITI / POST SEISME



JACMEL : DE MEILLEURES CONDITIONS POUR LES DÉPLACÉS

Plus de 170 familles du camp Pinchinat à Jacmel, dans le Sud-est du pays, sont désormais hébergées sur un nouveau site, à Mayard, dans la périphérie de la ville. Cette opération de relocalisation, qui s’est déroulée du 9 au 11 Aout 2010, entre dans le cadre d’un processus de décongestionnement de l’ancien site. Elle est une initiative de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) de concert avec les autorités locales du Sud-Est.
Sur le site Pinchinat, un ancien terrain de football du lycée portant le même nom, vivaient, entassées, 975 familles de 5 personnes en moyenne. Et lors qu’il pleut, le terrain devient boueux. L’exigüité de la superficie pour un nombre aussi élevé de résidents conduit à des conditions sanitaires pour le moins difficiles.

Aussi, les responsables ont-ils mis en place un plan visant à déconcentrer et réaménager ce camp, le plus grand centre d’hébergement du département du Sud-Est. Ce plan est à sa première phase. Et dans ce cadre a été mis en place le camp de Mayard qui a accueilli 173 familles.

A en croire les responsables de Pinchinat, le choix des bénéficiaires n’est pas dû au hasard. Ils ont en effet été identifiés en fonction de leur vulnérabilité. Ainsi ont été choisi les femmes enceintes, les vieillards, les femmes qui allaitent et les handicapés.

« Notre situation est maintenant meilleure. Car, avant, sous une tente vivaient plusieurs familles. Maintenant, chaque famille a une tente de deux chambres. En outre, on a déjà mis en place l’eau et des latrines », se réjouit une ancienne pensionnaire du centre du Lycée Pinchinat avant d’ajouter : « j’espère que nous aurons également de la sécurité ».

Un autre résident de renchérir. « Je suis content d’être relocalisé. Ceux qui viennent ici voient rapidement la différence. Au camp Pinchinat, on ne pouvait pas rester sous les tentes. Ici, on peut y rester et respirer normalement. Il y a de l’espace, on n’est plus entassé. Mais j’aimerais qu’il y ait de l’électricité et plus de sécurité », fait-il observer.

La crainte par rapport à la sécurité est partagée par d’autres déplacés. « Le plus important pour nous maintenant, c’est la sécurité. Le terrain est vaste et il n’y a pas de clôture », se plaint un pensionnaire du nouveau camp.

De nombreux intervenants

Pour le responsable de Gestion et de Coordination de Camps pour l’OIM dans le Sud-Est, Pierre Ben Oduwa, les déplacés de Mayard n’ont pas à se faire du souci. Il assure que toutes les mesures sont déjà en place. « Avec les patrouilles conjointes 24 heures sur 24 de la MINUSTAH et de la Police nationale d’Haïti (PNH), ce camp jouit d’un niveau de sécurité élevé », affirme M. Oduwwa. Et celui-ci de faire observer par ailleurs que l’eau, l’assainissement et les autres services de base y sont disponible.

En effet, de nombreux fournisseurs de services sont à la disposition des résidents. Parmi les intervenants, l’organisation humanitaire Save the Children qui organise de la clinique mobile, fournit en moyenne 40.000 litres d’eau par jour et, de plus, réalise des activités récréatives au bénéfice des enfants. Médecins Sans Frontière (MSF), pour sa part, prend en charge le drainage, la construction des latrines, de douches et s’occupe parfois de l’approvisionnement en eau également.

Pour permettre la relocalisation des personnes déplacées, d’autres acteurs ont apporté leur quote-part. Aussi, la mairie de Jacmel A fourni le terrain d’hébergement, la Délégation du Sud-Est (équivalent de la Préfecture) a mis en place des autobus pour le transport des personnes tandis que la MINUSTAH a mis à disposition les camions devant transporter les effets personnels des gens.

Quant à la mise en place des abris, elle a été assurée par MEDAIR, une organisation humanitaire suisse. En ce qui a trait au Ministère des Travaux publics Transport et Communication (MTPTC), il a fourni les engins lourds servant à la préparation du site tandis que l’OIM a assuré la coordination de l’ensemble des activités.

Les opérations sont financées à partir des fonds fournis par les Etats-Unis via l’USAID, l’Union Européenne à travers ECHO (un organisme intervenant dans les activités humanitaires), ERRF (un fond des Nations unies géré par OCHA). Des fonds propres de l’OIM y ont également été utilisés.

Il importe de noter que l’opération de relocalisation n’a pas fait que des heureux. « Ils ont déplacé certaines personnes et ont laissé d’autres. Tout le monde aurait dû être relocalisé », se plaignait une résidente du camp Pinchinat. Elle craint de ne plus pouvoir vendre son commerce comme avant en raison de la baisse de l’effectif résultant du départ des 173 familles.

Certains résidents du camp Pinchinat se déclarent opposés à tout déplacement avant qu’il n’y ait une « meilleure » décision sur leur sort. « J’ai déjà été sous une tente, je ne saurais quitter ce lieu pour aller continuer à vivre dans la même situation. Si on doit partir d’ici, c’est pour aller vivre dans une maison », a fait observer un des pensionnaires du camp.

Abondant dans le même sens, un autre à fait remarquer : « le déplacement d’ici doit être définitive. Je ne peux pas partir maintenant et, trois ans plus tard, je recommence à avoir la même appréhension quant aux conditions et à l’endroit où je vais vivre ».

L’opération de décongestionnement du camp Pinchinat n’est pas à son terme. D’autres locataires seront relocalisés. Cependant une crainte persiste quant à la solidité des tentes. Car, selon de nombreux observateurs, elles ne peuvent pas résister à un cyclone de catégorie 2. Pourtant, Jacmel est souvent confronté à des vents très violents.

(Source : www.minustah.org)

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